Si tu veux que ne s’émousse / l’acuité du regard et du sens / traque le soleil dans l’ombre. Nietzsche
Dialogue croisé entre la lumière, la danse et la musique.
Sur une proposition de Rachel Mateis, le spectacle se construit selon un processus créatif inversé. Ici c’est la lumière le point de départ. Elle définit les espaces, les atmosphères, et crée un temps lumineux. Puis la danse et la musique naissent de cet univers au service de ce qui pourrait être l’ébauche d’un discours lumineux. ONDE interroge notre place dans le monde, exprime la colère et la compassion, appelle à plus de fraternité, tel un canevas où se tissent nos imaginaires pour conjurer le réel
Création 2009 (volet 1) et 2011 (volet 2)
- 7 danseuses
- 1 danseur
- 2 musiciens
La production
Compagnie Josefa – Coproduction : Association Les Guerriers de la Lumière.
Avec le soutien du Conseil Régional de Picardie, du Conseil Général de l’Oise et de l’EPCC-Spectacle Vivant en Picardie. Accueil et mise à disposition de plateaux : Centre Culturel de Tergnier (02), Théâtre du Chevalet et Ville de Noyon (60), Association Arts et Proximité (Chauny, 02), Danse Création (Marcq en Baroeul 59), Mairie de Plessis-Brion (60), Maison de la Culture et des Loisirs de Gauchy (02), Studio Irène Jouhet-Soler (Compiègne, 60), Conservatoire de Danse de la Ville de Péronne (80).
La diffusion
Centre culturel de Tergnier, MCL de Gauchy, Forum de Chauny.
L’équipe
- Conception et chorégraphie : Rachel Mateis
- Lumières : Jérôme Bertin
- Compositions musicales et improvisations : Jean-Christophe Marq et Tichot
- Mixage : Jean-Christophe Marq
Avec, in Volet 1 : Estelle Camoes, Haifa Darghane, Sarah Gonçalves, Jules Leduc, Camille Luong, Jean-Christophe Marq, Sophie Mayeux, Elsa Pernot, Tichot – in Volet 2 : Haifa Darghane, Sarah Gonçalves, Jules Leduc, Jean-Christophe Marq, Sophie Mayeux, Céline Vieillard, Tichot.
Médias
La lumière, la danse
La lumière comme “premiers écrits”.
Au départ quelques mots ont inspiré la réalisation d’une architecture lumineuse, mouvante, tels :
Auréolée Trait Bain Faisceau Flot Cercle Eclat Halo Rayon Crépusculaire Translucide Ardente Blafarde Chaude Froide Dure Douce Diffuse Vacillante Vive Blanche Tamisée Tremble Irradie Pénètre Révèle Oblique Feu Reflet Phare…
Ou encore, plus abstraits : Nuit Ombre Aveuglement Connaissance Trouble Illusion Répercussion Propagation Solitude Egarement Engagement Accompagnement…
Ces mots et d’autres ont nourri la danse et donné une direction à nos investigations chorégraphiques. Les pistes de travail sur le corps, les matières à sculpter, l’écriture du mouvement sont nées en partie de là.
Elles sont nées aussi du propos qui soutient la pièce, le groupe, le collectif dans son rapport au monde – la répercussion de nos actes, paroles et lâchetés mais aussi et surtout, de nos souhaits les plus forts, de nos aspirations à plus de fraternité, d’égalité, de liberté. Ce propos, le sens même de la pièce se trouvait confronté au processus premier : l’inversion lumière / danse.
Lumière et mouvement – Quel mouvement, quelle matière, quelle écriture dans une lumière elle-même parfois en mouvement, une lumière qui annonce déjà une atmosphère.
Lumière et espace – Comment prendre l’espace, le révéler, l’habiter alors qu’il est déjà en partie dessiné par la lumière ? Quel rapport à l’espace choisir dans ces espaces tissés par la lumière ? Donner parfois à percevoir la trajectoire du mouvement dans l’espace plus que le mouvement lui-même.
Lumière et ombre – Comment donner ou ne pas donner à voir la danse? Comment accepter parfois de ne pas tout donner à voir ? Suggérer plutôt que montrer. Idéalement, évoquer ce que révèle l’obscurité, ce qui se tisse dans la pénombre, et laisser deviner “Ombre et lumière en nous-même”.
Lumière et rythme – Construite en tableaux successifs, la lumière induit un rythme qui nécessite de s’y soumettre ou au contraire de jouer contre, afin d’articuler tout ensemble les 3 langages en jeu ici.
La musique
C’est leur sensibilité et leur qualité d’écoute qui ont permis aux deux musiciens Jean-Christophe Marq et Tichot de créer et jouer ensemble, bien que venant d’univers musicaux éloignés : la musique classique, baroque et contemporaine pour l’un, la chanson française pour l’autre.
De cette rencontre, de leur écoute mutuelle profonde sont apparues des pistes d’improvisation avant même les répétitions avec la danse, dont l’originalité tient au choix instrumentaux adoptés : guitare, guitare électrique, chant, violoncelle, scie musicale.
Pour le live, les morceaux ont été imaginés à partir de la mémoire des lumières crées en amont, ou de figurations musicales imaginées lors des répétitions des danseurs en studio. Il s’agissait d’être en dialogue avec la lumière et la danse et de soutenir l’énergie des jeunes danseurs. En dehors d’une chanson de Tichot, il n’y a pas ici de compositions à proprement parler. Il s’agit plutôt d’improvisations travaillées.
Pour la bande-son, il en va tout autrement. Jean Christophe Marq a tenté d‘utiliser ce qu’évoquait, pour lui, le mot “onde”.
Musicalement : La Mer de Debussy. Les ondes Martenot. L’onde comme le frisson qui parcourt le corps face à la beauté des percussions vocales et instrumentales d’un Ohana, du chant de Thierry Pécou. Le frémissement du balai sur la caisse claire. Et la scie musicale, proche des ondes Martenot, qui ne fonctionne que lorsque sa lame prend une forme de “S, sinusoïdale, une forme d’onde.
Dans la nature : ce qui lui est associé, l’ondée, celle du matin, l’onde sismique et les vibrations de la Terre.
La bande-son est travaillée ici, au-delà des superpositions de sons et d’extraits d’œuvres, vers l’association des sons verticaux, harmoniques, permanents, qui émanent du sol, de la terre, et ceux horizontaux qui marquent plus le déplacement mélodique.
Comme une onde, la musique se déplace dans l’espace et le temps.Ainsi l’Onde est à l’origine de tout son.
La transmission
Cette création est associée à une démarche de transmission. Sans rien céder à l’exigence professionnelle, sept jeunes danseurs dont deux jeunes professionnelles et cinq apprentis ont expérimenté et approfondi des notions d’improvisation et de composition. De l’abstraction à la théâtralité du corps, ils ont exploré, nourri et affiné les chemins de l’interprétation. Entièrement intégrés à la démarche artistique, entourés de professionnels, ils ont ainsi cheminé vers la professionnalisation.
Les objectifs étaient en particulier d’aider ces jeunes danseurs à aborder le métier et à en connaître au plus tôt les différents aspects ; de leur donner des outils sains pour le corps qui facilitent le travail du danseur afin qu’ils puissent les réutiliser seuls pour se préparer ; de leur permettre de se rendre disponible, de leur apprendre à gérer leur énergie et leur force ; de les aider à progresser techniquement grâce à une implication artistique. Il s’agissait également de leur permettre de participer à l’élaboration du spectacle en les intégrant à la démarche artistique, aux questionnements, aux recherches ; de leur insuffler le goût de créer en équipe, dans le respect des êtres et des disciplines ; de leur donner des outils chorégraphiques, d’écritures du mouvement, de composition, de mise en espace, ainsi que des outils d’improvisation afin de les amener à sculpter une danse sur l’instant et d’explorer les couleurs, les nuances de l’interprétation ; de leur permettre enfin de ressentir où mène l’exigence et l’engagement, de développer leur goût pour la recherche et, de les aider à entrer dans le métier.